théorie

Les symboles musicaux d’abréviation et de direction

le 25 mai 2015 Par Alexis

Nous les guitaristes sommes allergiques au solfège. Clé de sol, croche pointée et autres signes sur la portée nous effraient. Ces 5 lignes horizontales sont souvent sources de frustration et de rejet. C’est pourquoi les tablatures sont si populaires dans notre tribu de gratteux, que l’on soit débutant ou six-cordiste aguerri. Ce système de notation a l’avantage de ne pas laisser planer le doute quant aux doigtés sur le manche. Ce n’est en revanche pas le cas du solfège, très adapté à nos amis pianistes mais beaucoup moins évident pour une guitare où le même son (c’est à dire une note de même hauteur) peut être joué à différents endroits du manche.

Tablature contre solfège, le débat est sans fin, et ce n’est certainement pas moi qui vais trancher. Ces systèmes possèdent chacun leurs avantages et inconvénients. Il existe par contre certains signes de notation musicale issus du solfège que l’on retrouvera immanquablement dans nos chères tablatures, et ceux là, impossible de les ignorer.

Ces symboles sont destinés à faciliter ou à clarifier la lecture d’une partition ainsi qu’à diminuer la longueur de celles-ci en isolant les éléments qui se répètent, que ce soit une phrase musicale courte ou un groupe de plusieurs mesures. C’est ce que l’on appelle les symboles d’abréviation et de direction, et c’est exactement le sujet de cet article !

Découvrons ensemble ces outils que l’on retrouve sur toutes les partitions actuelles, indifféremment d’une notation en tablature ou en solfège.

1 – Les symboles d’abréviation

Cette première catégorie de signes va permettre de rendre une partition plus lisible en spécifiant ce qui est répété. Celle-ci va donc être visuellement plus légère. Ces signaux sont également utiles à un musicien qui lit à vue (dans un orchestre par exemple) et qui peut ainsi anticiper « tranquillement » ce qui va venir après les éléments répétés.

On rencontre parfois des « slash » (pas l’ancien guitariste des Guns, hein…) au sein de la mesure. Ceux-ci indiquent qu’un motif est répété. Chaque slash correspond donc au fragment initial dans la mesure :

Les signes d'abréviation

On utilise un slash simple (/) si le fragment de départ est une noire ou une croche, un double slash (//) pour des double-croches et un triple (///) si le motif est en triple-croches. On peut rencontrer le symbole  -//-  si le motif contient des variations rythmiques. Un motif peut se répéter tout au long de la mesure (exemple 1 ci-dessus) ou bien n’être rejoué que durant un seul temps (exemple 2).

Ces slash à côté des éléments initiaux ne doivent pas être confondus avec ceux placés au dessus de la note qui indiquent une répétition de cette note sur la durée indiquée, avec un découpage rythmique égal aux valeurs présentées plus haut (// = double, /// = triple). Cette notation est courante sur les relevés de batterie par exemple, afin de ne pas l’alourdir.

Les signes d'abréviation

Il est également courant de répéter des mesures entières. On utilise pour cela un slash entouré de deux points pour répéter une mesure et un double slash pour un groupe de 2 mesures. Ce symbole est très utilisé dans des grilles d’accords comme sur ce backing track rock par exemple.

Les signes d'abréviation

Quand plus de 2 mesures sont identiques, on peut utiliser le double slash avec le nombre de mesures rejouées au dessus :

Les signes d'abréviation

Enfin, on rencontre parfois des répétitions de mesures de silence symbolisées par un bâton de mesure et un chiffre au dessus. Ci-dessous, une mesure jouée suivie de 8 mesures de silence.

Les signes d'abréviation


2 – Les symboles de renvoi et de direction

Si les symboles d’abréviation permettent plus de clarté, ceux de renvoi et de direction permettent quant à eux de raccourcir la longueur de la partition en signalant des parties qui reviennent ou des groupes de mesures conséquents (souvent plus de 4) qui doivent être répétées un nombre de fois donné.

Pour tous les exemples qui suivent, chaque mesure possède une lettre associée. Le cheminement de lecture est indiqué en dessous de chaque portée.

Commençons avec les barres de reprise. Ces double barres de mesure sont suivies ou précédées de deux points. Il convient de rejouer une fois ce qui est compris entre ces barres (ou entre une barre de fin et le début du morceau, comme dans le premier exemple ci-dessous).

Les signes de reprise

Il est possible d’indiquer le nombre de fois que doit être joué la reprise. On note ce nombre au dessus de la barre de fin. Les répétitions peuvent également s’imbriquer, ce qui permet généralement de gagner beaucoup de place.

Les signes de reprise

Il est fréquent de voir des groupes de mesures dont la fin (ou une partie) diffèrent. Pour noter cela de façon non-répétitive, on utilise des barres de reprise en indiquant au dessus le numéro du « tour » dans lequel le fragment est joué. Une même mesure peut être rejouée dans 2 tours différents, comme sur le second exemple ci -dessous.

Les signes d'abréviation

Poursuivons avec les indications de renvoi. Ces symboles sont utilisés afin d’effectuer des « sauts » dans le morceau ou pour indiquer la répétition de toute une partie (pour rejouer un couplet et un refrain après un pont par exemple).

La première de ces indications est Da capo. Capo signifie « tête » en italienIl indique qu’il faut reprendre depuis le tout début dès qu’on le rencontre, à la fin de la mesure précisément. Souvent abrégé D.C, il est en général placé à la fin du morceau, mais ça n’est pas systématique.

Les signes d'abréviation

Da capo fonctionne souvent de concert avec fine qui indique la fin véritable du morceau. En effet, la dernière mesure de la partition n’est pas forcément synonyme de fin.

Les signes de renvoi

Deuxième signe de renvoi : Da segno (littéralement « depuis le signe »), noté également Dal segno ou D.S.  Cette notation nous dit de reprendre à partir du symbole correspondant : un S barré entre deux points. On ignore donc le symbole la première fois qu’on le voit (mais on retient où il se trouve) et on y revient dès que l’on rencontre la mention D.S (ou Da segno).

Les signes de renvoi

On trouve parfois le symbole (le S barré) à la place de l’indication D.S. On se retrouve donc avec deux symboles segno, ce qui peut prêter à confusion. On ignore alors le premier signe et on y revient dès que l’on rencontre le second.

Le troisième signe de renvoi est la Coda, qui signifie « queue » en italien. Le symbole de Coda (la combinaison d’un cercle
et du signe +)  signale la partie finale d’un morceau, aussi appelée outro (par opposition à l’intro). La (ou les) mesure(s) qui constituent la coda sont souvent détachées du reste.

On indique qu’il faut aller au symbole coda avec l’annotation suivante : Da coda. Il est aussi possible de rencontrer les termes Alla coda, Al coda ou To coda, ou encore le symbole lui-même (comme avec segno). L’important est de retenir que la coda est utilisée pour sortir à un autre moment que la fin d’un cycle de mesures qui est répété. On ne va donc pas à la coda la première fois que l’on rencontre la mention Da coda  mais bien lors de la dernière répétition d’un groupe de mesures donné.

Les signes de renvoi

Nous avons utilisé ici Da capo al coda pour répéter le groupe de mesures depuis le début et ensuite sauter à la fin dès que la mention Da coda se présente lors de la répétition finale (ici, il n’y en a qu’une seule).

En pratique, on trouve des combinaisons de renvois qui mélangent coda, segno, fine ou Da capo . Les exemples ci-dessous se concentrent sur quelques mesures seulement mais il faut imaginer qu’un morceau peut contenir des sauts de plusieurs dizaines de mesures à la fois.

Les signes de renvoi

Pour finir, je vous laisse avec une belle suite de symboles qui récapitule les notions présentées dans cet article, même si je l’admets la lisibilité n’est plus du tout au rendez-vous !

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Have fun !

A propos de l'auteur : Alexis

A propos de l’auteur : Alexis

Créateur et administrateur de Guitar School Garden. Sur Twitter : @guitarschgarden et @twablatures.

5 commentaires

  • Guillaume dit :

    Il y en a certains qu’on rencontre assez souvent, d’autres moins. Merci pour ces précisions et rappels jamais inutiles. C’est vrai que ça peut vite devenir un casse-tête et un jeu de logique dans certains cas.

  • Michel Leignel dit :

    A 58 ans, après 35 ans d’errance 🙂 Je me remets enfin à ma guitare et je viens de découvrir ton excellent Blog.
    BRAVO et merci pour ce sens du partage et la qualité de ton travail.
    Michel

  • Alexis dit :

    Merci Michel pour ce message . Bonne gratte !

  • CHRETIEN BOUGEL dit :

    À 50 ans je débute la guitare !!
    Merci pour ces explications qui vont me permettre de mieux comprendre les morceaux avec lesquels je m entraîne.

  • Adrien Houssier dit :

    Bien le bonjour,
    petite coquille : « Il est possible d’indiquer le nombre de fois que doit être jouer la reprise. » en effet jouer doit être au participe passé et non à l’infinitif.
    Bonne continuation

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