transcriptions

Outils et techniques pour transcrire vos plans favoris à la guitare

le 1 avril 2013 Par Alexis

Mr Fastfinger La somme d’informations disponibles sur la toile est gigantesque et elle en donnerait presque le tournis. Tout y est accessible presque instantanément, en quelques clics. Le monde des tablatures et plus généralement des partitions musicales n’échappe pas à cet état de fait et on peut aujourd’hui trouver des transcriptions de quasiment tout, dans tous les styles.

Néanmoins, transcrire soi-même une mélodie, une suite d’accords ou un morceau entier est un travail très important qui ne devrait être ignoré par aucun musicien. Investir un peu de temps dans une transcription, aussi petite soit-elle, est un exercice qui paye et ses résultats seront bien plus visibles dans votre jeu qu’une heure d’aller-retour affalé dans votre canapé en regardant les péripéties téléphoniques de Nabila et ses amies.

Entrainer son oreille est primordial et la transcription est un exercice très bénéfique pour cela, souvent plus fun que le ear training pur, très utile lui aussi mais beaucoup plus laborieux à mon sens. Cet article a donc pour but de vous donner quelques réflexes quand vous abordez un relevé, en prenant pour base de travail un très court extrait d’un solo de Mr Fastfinger, dont je vous recommande chaudement les albums ainsi que les leçons postées sur son site.

Voici donc le plan qui va nous servir tout au long de ce billet, tiré du morceau Zing Zing :

Mr Fastfinger – Zing Zing (extrait)

On a affaire ici à un plan lead mais les conseils qui suivent sont évidemment applicables à la recherche de mélodies ou d’accords.

Quelques remarques préalables :

  • Ne jamais se dire qu’un morceau est hors de portée. C’est souvent bien plus facile que ce que l’on croit, surtout après s’être lancé dans les premières mesures. J’en fait l’expérience à chaque tablature pour le blog.
  • Se fixer un objectif clair, et s’y tenir. Choisir ce que vous voulez relever : une guitare ? Toutes les guitares du morceau ? Tous les instruments ? Une portion ? Un album complet ?
  • Ne pas se forcer à transcrire quelque chose que l’on aime pas.
  • Rester fidèle à sa transcription et assumer ses choix. Faites confiance à vos oreilles et essayez de ne pas « tricher » en allant voir un site ou une vidéo. Votre travail est peut être imparfait mais au moins c’est le vôtre !
  • Au niveau des outils, utiliser un éditeur de tablature (Guitar Pro ou Power Tab pour les moins fortunés) s’avère souvent indispensable, surtout pour bien intégrer les figures rythmiques et vérifier ce que l’on a écrit en l’écoutant dans le logiciel en mode lecture. Partager son fichier dans un format courant et « propre » (.gpx , .ptb , .pdf) est également un avantage non négligeable.
  • Un logiciel permettant d’isoler une partie du morceau et de le ralentir sans changer la hauteur est très utile. Nous en reparlerons plus tard dans l’article.
  • Si possible, travaillez au casque avec le son de votre guitare dans les oreilles, vous gagnerez du temps et dissiperez plus rapidement vos doutes.

Etape 1 : définir un cadre

Première chose : isoler le passage que vous voulez transcrire et compter le nombre de mesure de l’extrait en question. Pour définir ce nombre, il faut trouver le chiffrage de mesure en analysant la pulsation. Beaucoup de morceaux sont écrits en 4/4 (en binaire) ou en 12/8 (en ternaire) mais ça n’est bien sûr pas systématique. Pour preuve, notre exemple est en 7/8 ! Le groove de batterie est typique de ce chiffrage où la mesure repart à contretemps une croche plus tôt qu’un beat classique en 4/4 (1 et 2 et 3 et 4 1 et 2 et 3 et 4 1 …).

Nous avons donc 5 mesures en 7/8 :

Transcription - étape 1

Etape 2 : Repérer la tonalité

On entre dans le vif du sujet. Pour cela, passez quelques minutes à accorder votre instrument parfaitement. Penchez-vous ensuite le plus tôt possible sur l’accordage utilisé dans le morceau. Essayez de repérer des notes plus graves qu’un accordage standard, prêtez attention aux accords ouverts qui révèlent généralement l’accordage. Sachez que l’accordage un demi-ton plus bas (Eb) est très utilisé en blues, les drop (de Ré, Do ou Si) dans le métal, les open-tuning dans les morceaux de slide guitar et le DADGAD dans la guitare celtique. Documentez-vous sur le style et surtout le guitariste que vous abordez !

Deuxième étape, repérer la tonalité du morceau. Souvent, la rythmique (ligne de basse + accords) est un très bon indicateur. Ici, les accords de quinte convergent vers le dernier accord (D5) et la note Ré semble être le centre tonal. Des accords présents, seul Bb5 possède une altération (Bb). La tonalité qui possède cet unique bémol à la clef est Fa majeur (référez-vous au cercle des quintes pour déterminer la relation entre armure et tonalité). Le relatif mineur de Fa majeur est Ré mineur. Si on joue la gamme de Ré mineur naturel sur le passage on voit que ça « colle » très bien.

Après avoir trouver les accords de la rythmique, la tonalité (Ré mineur, avec un bémol à la clef) s’impose d’elle même :

Transcription - étape 2

C’est de ce travail en amont (définition des objectifs, recherche du chiffrage, du tempo , de la tonalité et de l’accordage) que dépendra la qualité de votre tablature.

Etape 3 : relever ce qui vous semble simple

Easy stuff first. En relevant ce qui est « simple », on encadre les difficultés et on les rend plus accessibles. Ici, les mesures 1, 2 et 5 comprennent peu de notes. Les mesures 3 et 4 paraissent alors moins intimidantes une fois « entourées ».

En plus, le débit de notes est constant sur ces mesures : 4 notes par temps. Nous avons donc un enchainement régulier de double-croches qui sont au nombre de 14 pour chaque mesure en 7/8. On peut noter cette figure rythmique sous la forme de silences pour l’instant. Chaque quart de soupir apparait donc comme un petit point interrogation, un petit mystère à résoudre en quelque sorte.

Transcription - étape 3

Etape 4 : utiliser des outils de transcription pour les passages difficiles

Est-ce qu’un cuisinier monte ses blancs en neige à la main ? Il n’y a pas de mal à s’aider un petit peu, surtout si on aspire à une transcription parfaite. Entrent alors en jeu des logiciels qui permettent d’isoler et de ralentir un passage sans en changer la hauteur. Très pratique pour décortiquer un plan rapide ou un accord alambiqué. Petite remarque : plus le fichier original est compressé (mp3 à 192kbps par ex), plus il va rapidement se dégrader en qualité après traitement par le logiciel. Ralentir des .wav (peu compressés) sera toujours préférable.

Personnellement, j’ai longtemps utilisé le player de Gear Box qui permet de boucler sur un passage et de le ralentir de moitié. Guitar Rig que j’utilise aujourd’hui intègre un outil similaire, tout comme les nombreux logiciels de simulation dédiés aux guitaristes.

player Gear Box

Pour des réglages plus poussés, j’utilise Best Practice, un petit logiciel gratuit à la prise en main aisée qui fait très bien le boulot et supporte de multiples formats audio.

player best practice

Je vous conseille également un screencast de Martin (du site guitare-improvisation.com) qui détaille l’emploi du logiciel open-source Audacity appliqué à la transcription musicale. Cette vidéo comprend également des techniques d’écoute qui vous aideront à réaliser vos tablatures.

Etape 5 : diviser pour mieux régner

Avec votre logiciel de ralentissement, vous pouvez désormais isoler des groupes notes bien distincts, souvent en début de mesure. Le fait de connaitre la tonalité (ici Ré mineur) facilite grandement la tâche car on limite les possibilités de notes.

Transcription - étape 4 a

Ensuite, le jeu va être de combler les trous petit à petit. Il est généralement plus facile de chercher en premier les notes ou les groupes de notes qui tombent / commencent sur le temps.

Dans notre exemple, à la mesure 3, nous avons 2 boucles identiques de 6 notes qui se suivent et 2 groupes distincts de 7 notes à la mesure suivante. Pas de mystère à ce niveau, plus vous ferez de transcriptions, plus les automatismes se mettront en place rapidement.

Transcription - étape 4b

Nos points d’interrogation disparaissant, l’extrait parait soudainement plus abordable. Le jouer à vitesse réelle n’est peut être pas pour tout de suite mais l’effort investi dans la recherche des notes va payer car on s’est mis le plan « sous les doigts ».

Transcription - étape 4c

Une fois le passage transcrit, une lecture sur votre éditeur de tablature confirmera la justesse (ou non) de votre transcription.

Etape 6 : mettre au propre

Et voilà la tablature complète de notre extrait !

Transcription finie

Beaucoup de travail pour quelques secondes de musique ! Bien sûr cet exemple est assez technique, mais je voulais vous montrer qu’en isolant ses parties un plan à priori insurmontable ne l’est pas tant que ça au final.

N’hésitez pas à chercher des mélodies que vous entendez à la radio, sur le web ou bien des chansons toutes simples, même des choses qui sont loin de votre répertoire habituel. C’est ce à quoi je m’exerce chaque semaine avec mes Twablatures, des grilles d’accords en 140 caractères ou moins, publiées sur Twitter.

Et vous ? Vous avez une twablature personnelle à me proposer ?

Have fun !

A propos de l'auteur : Alexis

A propos de l’auteur : Alexis

Créateur et administrateur de Guitar School Garden. Sur Twitter : @guitarschgarden et @twablatures.

5 commentaires

  • Robin Alves dit :

    Bon article, original et professionnel.

    C’est un exercice plutôt périlleux mais au combien efficace sur le long terme.

    Donc, je te remercies ben 🙂

  • Sylvain dit :

    Salut Alexis !

    Très sympa comme article.
    Je me suis déjà exercé à ce genre de travail. Mais je pense que j’avais une mauvaise méthodologie. En effet, je n’utilisais pas de logiciel de tablatures pour marquer ce que j’avais entendu, très certainement par flemme. Au final, je passais plus de temps à me souvenir qu’à transcrire. Il faudrait que j’essaie ta façon 🙂
    Sinon merci pour les applis Gear Box et Best Practice que je connaissais pas et que je vais m’empresser d’utiliser.

  • Alexis dit :

    Merci à vous pour vos commentaires ! En fait c’est vraiment avec Guitar Pro et Power Tab que j’ai appris le solfège rythmique. En écrivant des figures de rythme puis en écoutant ce que ça donnait en mode lecture.

    Un lecteur m’a parlé du logiciel Transcribe ! ( http://www.seventhstring.com/ ) qui repère les notes / accords d’un fichier audio. Ça va un peu à l’encontre de la démarche de l’article mais pourquoi ne pas l’essayer si on bloque vraiment sur une partie. A noter, il est payant (une trentaine d’euros).

    Bon courage pour vos transcriptions. Je me ferais un plaisir de les publier si vous le souhaiter.

  • KG dit :

    Je confirme que c’est un exercice très intéressant mais qui prend effectivement beaucoup de temps (et dans certains cas, mon perfectionnisme m’a fait abandonner l’idée d’arriver à quelque chose de satisfaisant, surtout lorsqu’il y a plusieurs guitares ou quand j’essaie de transcrire la basse, parfois très difficile à bien entendre).

    Par contre, le meilleur outil que je connais pour assister à la transcription, c’est Reaper (payant, mais utilisable gratuitement sans limite).
    Il permet bien entendu de boucler sur un extrait et de ralentir sans tonalité, mais son gros avantage c’est qu’il est possible d’afficher une graduation sous forme de mesures en plus du temps : on donne le tempo et la signature, et les graduations indiquent les mesures et les temps de cette mesure. Il n’y a plus qu’à caler l’audio pour que les notes tombent sur les temps, éventuellement ajuster un peu le tempo, et se repérer dans le morceau par rapport à la partition qu’on est en train d’écrire devient un jeu d’enfant.

    Et lorsqu’on transcrit un morceau avec une rythmique pas simple, il peut être intéressant de transcrire sommairement la batterie (au moins la grosse caisse et la caisse claire), ce qui permet de beaucoup mieux de repérer repérer le positionnement des notes par rapport au temps.

  • Smüch dit :

    Article très sympa, merci Alexis !
    Le logiciel Best Practicie m’a été bien utile pour transcrire la partie de flûte de « L’apologie » de Matmatah, je n’aurais jamais pu le faire sans.
    Continue comme ça, j’adore ce que tu fais ! 🙂

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